Covid-19 : la Haute autorité de santé sème le flou 

Dans la lutte contre la Covid 19, la Haute Autorité de santé a recommandé ce jour d’utiliser des vaccins reposant sur la technologie ARN pour la deuxième dose chez les personnes de moins de 55 ans ayant reçu une première dose du vaccin AstraZeneca.


Nouveau coup de frein à l’utilisation du vaccin AstraZeneca.

C’est une nouvelle qui va créer encore un peu plus de défiance à l’égard du vaccin AstraZeneca. Alors que la France fait face à sa troisième vague de Covid 19, la Haute Autorité de santé a recommandé, ce vendredi 9 avril, de recourir aux vaccins utilisant la technologie ARN pour vacciner les personnes de moins de 55 ans et ayant reçu pour la première injection le vaccin AstraZeneca.

« Une politique du zéro risque »

Interrogé par Franceinfo, Benjamin Davido, infectiologue à l’hôpital Raymond-Poincaré de Garches (Hauts-de-Seine), a dénoncé une « politique du zéro risque face à la vaccination mais la vaccination reste un médicament et tout médicament a des effets indésirables ».

Le spécialiste a également regretté la « défiance face à AstraZeneca » qu’allait encore ajouter cette annonce de la Haute Autorité de santé. D’autant plus qu’il considère le vaccin comme sûr, précisant, « les cas de thrombose sont extrêmement rare, le bénéfice de la vaccination est bien supérieur, encore plus chez des gens qui n’ont aucun effet secondaire ».

Il déplore donc que cette annonce, en pleine troisième vague, puisse avoir un effet dévastateur sur les plus de 55 ans qui, il en est certain, ne voudront plus du tout se faire vacciner avec ce vaccin.

« On n’a pas de recul »

Par ailleurs, l’infectiologue met en avant le manque de recul quant au fait de mélanger deux vaccins. Il a ainsi déclaré, « Cela ne nous semble pas dangereux. Ce que l’on peut espérer c’est que la réponse immunitaire soit aussi forte. Ce qui me rassure sur le fait que ce soit faisable c’est que ce sont deux catégories de vaccins réputés très immunogènes. Donc on ne devrait pas perdre en qualité de la réponse« .

Reste néanmoins à savoir si les études encore en cours, portant sur le mélange des deux vaccins, seront du même avis. Et si, les Français seront disposés à faire confiance au vaccin AstraZeneca, ce qui, dans le cas contraire, nuirait au calendrier de vaccination prévu par le gouvernement.

Un vaccin mal-aimé

Cette annonce intervient en effet alors que la France vient de reprendre sa campagne de vaccination avec AstraZeneca, qu’elle avait été contrainte de suspendre à cause d’une défiance croissante liée à la crainte de formation de caillots sanguins chez des personnes vaccinées avec ce dernier. Avant elle, le Danemark, l’Italie ou encore l’Allemagne avait pris cette décision par mesure de sécurité.

Finalement déclaré comme sûr par l’autorité européenne du médicament, le vaccin était à nouveau utilisé mais avec des recommandations variant d’un pays à l’autre. Par exemple, en Angleterre, le vaccin AstraZeneca n’est pas utilisé pour des patients âgés de moins de 30 ans.

Au final, Benjamin Davido s’est interrogé sur Franceinfo: « On voit bien que ce curseur à géométrie variable n’est pas là pour rassurer et qu’il faudrait une décision de l’Agence européenne du médicament qui ne donne que des directives, sans trancher. On se retrouve dans un scénario compliqué et on peut s’interroger sur comment on fera avec les prochains vaccins pour gagner la confiance des Français« .

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